C’est volontairement que j’ai attendu plusieurs jours pour vous adresser quelques mots : cela m’a permis de constater que tous les éloges officiels qui vous ont été faits sont très convenus ! Pour la plupart des « politiques », votre mort n’est qu’un détail, un incident regrettable qui sera vite oublié, ou, pire, une simple occasion pour eux de « communiquer »… Ces gens démontrent une fois encore qu’ils n’ont aucune idée de la grandeur du métier de soldat et aucune notion de ce qui nous guide : le SERVICE de la France et des Français !
Quant à moi, l’annonce des circonstances de votre mort m’a tiré les larmes des yeux, des larmes de douleur certes, car je suis incapable de rester indifférent à la mort d’un camarade en opération, des larmes de fierté et d’espoir surtout. Car vous n’avez pas été « victime de votre devoir », selon la formule consacrée, mais vous avez donné volontairement votre vie pour d’autres.
Par ce geste vous avez donné un exemple d’une portée immense à tous les Français et notamment aux jeunes, en rappelant que l’esprit de chevalerie, qui est l’un des fondamentaux de notre civilisation, anime toujours nos armées et que celles-ci restent et resteront le coeur incandescent de notre France.
Je suis persuadé que, comme moi, tous les militaires de tous grades et de toutes les armées, d’active, de réserve ou retraités, mais aussi tous ceux qui consacrent leur vie au service des Français, ressentent une immense et légitime fierté de vous avoir comme camarade, chef ou subordonné, et qu’ils ressentent aussi votre geste comme une incitation forte à poursuivre leur mission avec plus de zèle encore. Pour nous tous, vous êtes et resterez un très grand gendarme, un immense exemple.
Au-delà, votre geste ressemble tant à celui de Jésus Christ donnant sa vie pour l’humanité que je crois totalement inutile de prier pour vous, qui, aujourd’hui, êtes évidemment auprès de Lui. Merci d’intercéder auprès de Lui pour la France, pour qu’Il la protège et qu’Il la ramène à sa vocation de chef de file de l’humanité entière à qui elle doit montrer les chemins de l’humanisation de tout homme, quel qu’il soit et où qu’il vive, les chemins de la fraternité, de la paix et de l’épanouissement intégral de chacun.
En revanche je vous promets de porter votre épouse éplorée dans ma prière quotidienne, et cela jusqu’à mon dernier souffle.
Merci enfin, mon Colonel et cher camarade, d’avoir fait rimer France avec Espérance !