» La seule question est : une certaine construction européenne a échoué… quel projet européen faut-il désormais élaborer et mettre en œuvre? Car la nécessité d’un projet européen ne peut faire de doute face aux défis du 21ème siècle. »
Comme les Français en 2005, les Britanniques viennent de rejeter l’Europe supranationale, technocratique et bureaucratique qui est imposée par des idéologues et des lobbyistes. Mais en Grande Bretagne, la volonté du peuple est toujours respectée…
Aujourd’hui, cependant, peu importe que nous regrettions le Brexit ou nous nous en réjouissions. Il crée tout simplement une situation nouvelle et, pour ceux qui pensent et agissent en vrais politiques, doit être compris comme une opportunité stratégique majeure. La seule question est : une certaine construction européenne a échoué… quel projet européen faut-il désormais élaborer et mettre en oeuvre? Car la nécessité d’un projet européen ne peut faire de doute face aux défis du 21ème siècle.
Inspiré de ce que voulurent les pères-fondateurs que furent de Gaulle et Adenauer, ce nouveau projet doit reposer sur deux piliers inamovibles : la souveraineté des peuples, qui est la seule source légitime de la politique, et la primauté de l’être humain, car la politique est service de l’homme ou n’est pas de la politique. Il ne s’agit pas de nier l’importance de l’économie, des nouvelles technologies, etc. mais de tout replacer, et d’abord l’économie, au service de l’être humain, au service de chaque peuple européen souverain, au service de l’Europe.
Mais ce nouveau projet ne sera possible que si les Européens, chaque peuple européen et tous ensemble, veulent vivre! Car l’Europe aujourd’hui se suicide ; ce suicide est démographique, culturel et politique. Il est vital de mettre fin à cet engrenage mortifère. Cette tendance suicidaire prend sa source dans la « repentance » qui est imposée à tous les peuples européens depuis 1945. Certes, au cours des deux derniers siècles, l’Europe a conduit le monde à des horreurs, mais cela est dû à l’abandon des fondamentaux politiques de sa civilisation deux fois millénaire. Et les Européens d’aujourd’hui ne sont pas coupables des crimes de leurs pères. La Shoah et les camps d’extermination sont des horreurs indépassables ; il faut le dire et en tirer les conséquences, mais les Européens d’aujourd’hui n’en sont pas les coupables! L’Europe doit vivre, accepter tout son passé, pour s’inspirer des oeuvres magnifiques dont elle fut si féconde, pour tirer les leçons de ses fautes et ne plus les reproduire. Elle peut, elle doit, pour le monde entier, redevenir le foyer de civilisation qu’elle fut, et pour cela, elle doit revenir s’abreuver au grand fleuve civilisationnel dont les sources sont dans l’Athènes de Périclès, dans la Rome de Cicéron et dans l’humanisme chrétien. Nous nous sommes éloignés de ce grand fleuve mais devons revenir nous y abreuver, c’est une question de vie ou de mort pour l’Europe et chacun de ses peuples. C’est aussi la condition indispensable pour regarder l’avenir avec confiance, pour affronter les gigantesques défis du 21ème siècle que sont la pacification de l’Europe elle-même et de ses périphéries africaines et proche-orientales, et, au-delà, la pacification d’une humanité tentée par l’auto-destruction.
Telle est l’Europe que nous devons construire! Mais ce ne sont pas les hommes qui nous ont conduits dans l’impasse actuelle qui pourront mettre en oeuvre ce projet. Il faut des hommes nouveaux, des hommes dont la seule motivation soit le service de la France, de l’Europe et de l’être humain.
Alors l’Europe vivra! Elle sera belle et féconde, pour chaque Européen, pour chaque peuple d’Europe et pour tout homme à la surface du monde, tout homme quel qu’il soit et où qu’il vive.
Là est la vocation de l’Europe! Et la France doit en être l’initiatrice et le moteur : là est la vocation de la France, dont le nom rime d’abord avec « espérance ». C’est cela que le monde attend de la France, aujourd’hui et demain.